Présentation :

Il est des mots qui, sitôt qu’énoncés, libèrent la promesse de l’oscillation du sens qu’ils portent en eux et qui met leur lecteur dans une incertitude féconde entre le particulier de la confidence et le général d’un ressenti universel. Les mots poétiques de Patrizia sont de cette eau-là. De la fluidité en ressac musical d’une mer qui berce les îles de l’artiste et enrobe bientôt son expérience propre de notre assentiment individuel.

Il y a plus chez elle, car le poème est chant. Toujours. Sans que l’on puisse déceler où naquit la musique… Soit des mots, soit de l’air qui les porte et les fait tinter aux escales comme au départ lorsque, derrière les îles proches, se dessine l’infini de l’Amazonie ou le clair-obscur du Caravaggio. Ce sont là les deux seuls paysages-visages explicitement nommés, alors que retentit l’univers d’un album qui en répercute les échos symphoniques. Dix autres titres aux consonances essentielles qui portent notre écoute, quelles que soient les notations particulières de chacune des pièces, à la méditation.

Car dans l’itinéraire, dans le voyage culturel et artistique que mène sans discontinuer Patrizia depuis ses débuts, cet opus est pour moi une escale riche, dont l’opulence actuelle tient à chacune des notes créées, à chacun des signes faits à la vie tout au long de décennies d’expression généreuse et inspirée.

Et si la figure de la « Passagera » qui donne son titre prolonge l’ambivalence des climats et du sens dans chacun de ces chants-poèmes, l’artiste par sa subtilité sensible nous offre un passage assuré dans un univers fait de plénitude et d’adhésion esthétique.

Ghjacumu Thiers .